Vendredi 22 juillet
Je suis arrivée à Lake Placid le vendredi après-midi. Je suis allée chercher mon sac du coureur et mon numéro. J'ai eu droit à la pesée officielle. Hum! 145 livres: oops, j'ai encore abusé avec le "carb loading"!!!
Je me suis ensuite dirigée au Amanda's Village Motel à Saranac Lake, à environ 20 minutes de Lake Placid.
Mon amie Martine qui participait à son premier Ironman était déjà arrivée.
J'ai défait mes valises et j'ai préparé mes sacs de transition et de "special needs" pour le vélo et la course.
Dans un Ironman, il est interdit de laisser des choses dans la zone du vélo, il y a des crochets où on doit accrocher nos sacs de transition avant de nous diriger vers la tente pour nous changer.
En soirée, nous sommes allées manger des pastas!
J'ai passé une nuit mouvementée durant laquelle j'ai fait de mauvais rêves... Arrggh!
Samedi 23 juillet
Nous sommes allées à Lake Placid en fin d'avant-midi pour un petit entraînement, histoire de nous donner confiance.
45 minutes de vélo, suivi de 12 minutes de course à pied (il faisait trop chaud)!
Ensuite, il était temps d'aller porter les vélos dans la zone de transition.
C'est toujours impressionnant de voir autant de vélos.
Nous avons terminé la fin du petit entraînement par une courte saucette dans le Mirror Lake. L'eau était vraiment chaude et la rumeur circulait déjà qu'on n'aurait peut-être pas droit au wet suit durant l'Ironman!!!
Avant de repartir de Lake Placid, j'en ai profité pour aller magasiner des runnings. J'ai acheté des Saucony Kinvara un point plus grand que ce que je prends d'habitude étant donné que j'ai perdu l'ongle d'orteil du gros orteil du pied droit en mai passé... J'ai aussi acheté des Vibram Five Fingers que je vais porter graduellement.
En fin d'après-midi, Maurice et Julie, mes "supporters" officiels sont arrivés au Motel. Nous avons encore mangé des pastas pour souper!!!
Je me sentais moins fébrile que l'an passé, mais je crois que c'était surtout dû à la fatigue.
Je me suis couchée tôt, à 21h30 car je voulais me lever à 3 heures du mat.
La nuit a été pénible, je me réveillais aux demie-heures jusqu'à environ 1h.
C'est Maurice et Julie qui m'ont réveillée à 3 heures: je n'ai même pas entendu la sonnerie de ma montre!!!
Dimanche 24 juillet
La première chose que j'ai fait c'est d'appliquer de la crème solaire.
J'ai mis mon kit de triathlète et j'ai attaché mon "timing chip" à ma cheville gauche.
J'ai ensuite déjeuné selon le plan de nutrition que Catherine, d'ATP Nutrition, m'avait préparé l'an passé. Deux sachets de gruau avec du blanc d'oeufs, une moitié de banane et des petits fruits.
Nous sommes partis du Motel vers 4 heures du matin. Martine nous suivait dans une autre voiture.
Arrivé à Lake Placid, nous avons stationné la voiture et je me suis reposée jusqu'à 5 heures.
Nous avons rejoint Martine.
Elle et moi sommes entrées pour le marquage et ensuite nous nous sommes dirigées vers les vélos. J'ai aidé Martine à gonfler ses pneus car à cause de l'énervement, elle avait complètement dégonflé le pneu avant et n'était pas capable de le regonfler! Ah, la nervosité!
J'ai ajouté une bouteille de thé glacé au Thé Vert Arizona car le Gatorade que j'avais acheté ne goûtait pas bon, j'ai acheté la formule diète par erreur!
Direction sacs de specials needs. Il fallait marcher environ 1km pour aller porter les deux sacs pour le vélo (j'y avais ajouté deux bouteilles de Ensure et des gels Carboom). Dans mon sac de course, j'avais mis mon coupe-vent sans manche vert fluo et des PowerBar Gel Blast.
À partir de 6 heures, le temps s'est mis à passer très vite.
Martine et moi avons enfilé nos wet suits.
Les athlètes qui voulaient se qualifier pour Kona ne devaient pas le porter car l'eau était bien chaude.
Mais moi, Kona, ça ne m'intéresse pas de la faire même si c'est un Ironman mythique: il fait bien trop chaud pour moi là-bas, je connais et je respecte mes limites!!!
Nous avons dit au revoir à notre gang et on a marché vers la zone de départ.
J'ai repris la même stratégie que l'an passé. Je suis allée me placer complètement vers la droite.
J'ai croisé un petit groupe enthousiastes et on s'est encouragé mutuellement: "It's amazing, you're there, have a great day!" Ah! J'aime tellement les gens de triathlon!
On a eu droit à l'hymne national des États-Unis et ensuite, ce fût le coup de départ!
Aaaaahhhhhh! Je peux dire que j'ai pris un bon rythme dès le début de la natation.
Je me sentais confortable. Je nageais bien.
Vers le premier tiers du trajet, j'ai eu un petit moment de panique parce qu'il y a beaucoup de nageurs qui m'ont accroché. J'ai pris le temps de me calmer un peu.
Ensuite, j'ai été dans ma bulle et tranquillement, j'ai pu m'approcher des bouées pour longer la corde jaune, celle qui nous permet de rester dans le courant et de nager sans effort.
Un monsieur m'a donné un coup sur la tête et a failli arracher mes lunettes.
J'ai gardé mon calme et le monsieur s'est excusé.
J'ai continué et j'étais bien contente d'arriver vers la fin pour pouvoir entamer mon deuxième tour.
Le deuxième tour a été merveilleux, j'ai pris la peine de prendre ma place sans frapper personne. Mais je commençais à avoir vraiment faim et je rêvais à mes 2 beurrées de Nutella. Une était dans mon sac de transition de vélo et l'autre était dans mon bento-box sur mon vélo!
C'est merveilleux d'entendre la clameur de la foule lorsqu'on s'approche de l'arrivée (et de la fin de la nage). J'étais soulagée de savoir qu'enfin, la portion de natation était terminée. Sur la photo officielle, on voit que je suis crevée.
Après avoir passé par les "wet suit strippers": ce sont des bénévoles qui nous aident à enlever les jambes de nos wet suits, j'ai couru jusqu'à la zone de transition.
Je savais que je devais avoir fait un bon temps de nage car il y avait beaucoup de femmes dans la tente qui sert de vestiaire pour se changer.
J'ai ouvert mon sac, j'ai commencé à manger ma beurrée de Nutella!!!
J'ai ensuite mis mes bas, mes souliers, mon numéro de dossard.
Je me suis dirigée vers la table pour me mettre de la crème solaire dans le visage.
J'en ai trop mis, j'avais toute la figure blanche et j'ai dû enlever le surplus avec un kleenex!
J'ai mis mes lunettes, enfilé mon casque.
Je me suis dirigée vers les vélos.
J'ai crié mon numéro, on m'a donné mon vélo.
J'ai couru jusqu'à la zone où on pouvait monter et commencer à pédaler.
Wow, soulagement, ça s'est déroulé comme sur des roulettes.
Le début du trajet commence par une grosse côte qu'on descend: c'est grisant!!!
Pour le vélo, j'avais décidé de fonctionner sans odomètre ni moniteur de fréquence cardiaque. Je voulais y aller au feeling et respecter mon rythme.
Je suis parti "mollo" parce que je ne voulais pas faire comme l'an passé et faire un 2ème tour aussi rapide que le premier.
J'étais heureuse, mais aussi pleine d'émotions.
Puisque je n'avais pas été pédaler à Lake Placid cette année, il y a des parties du trajet qui me semblaient toute nouvelle. Je trouvais les paysages grandioses et, à un moment, je me suis mise à pleurer à pensant à Monick, en me disant qu'elle ne verrait plus jamais la grandeur des beaux paysages.
J'ai pédalé quelques kilomètres en pensant à Sylvie car je lui avais promis! Je pense que j'ai pédalé les plus beaux pour elle!
J'ai eu un gros mal de tête durant tout le 1er tour et quelques spasmes au dos, mais ils ont disparus.
Le mal de tête, est, chez moi, annonciateur de problèmes de digestion...
Le mal de tête, est, chez moi, annonciateur de problèmes de digestion...
Le plus difficile ont été les spasmes à l'estomac qui m'ont fait souffrir durant une bonne moitié du parcours sinon plus.
Mon estomac ne pouvait supporter quoique ce soit qui contenait du sucre!
Je ne pouvais que boire de l'eau. Même boire du Ironman Perform faisait tressaillir mes entrailles.
Je ne pouvais que boire de l'eau. Même boire du Ironman Perform faisait tressaillir mes entrailles.
Durant un certain moment la douleur était tellement intense que j'ai pensé arrêter la course car je ne savais pas si c'était dangereux (je m'imaginais que c'était peut-être ma rate qui allait éclater comme quand on a une mononucléose et qu'il faut faire attention).
J'avais tout l'abdomen super dur et enflé.
Avec le recul, je crois que j'ai dû faire un petit coup de chaleur car il y a eu une période durant laquelle j'ai eu froid et j'avais des frissons!!!
J'ai quand même réussi à manger une barre Maxim au caramel, 4 sachets de power gel blast (jujubes) et un gel que j'ai trouvé dégueulasse.
Je ne veux plus rien savoir des gels!!!
En fait, la seule chose qui passait bien étaient les morceaux de bananes que je prenais à chaque poste de ravitaillement.
À un des postes de ravitaillement, les jeunes filles bénévoles étaient tellement gentilles, elles remplissaient nos bouteilles pendant qu'on allait au p'tit coin! J'ai même eu droit à de la crème solaire!!!
En tout cas, il va falloir que je trouve une alternative pour éviter le sucré, parce qu'en plus de mes douleurs d'estomac, j'ai eu la "chiasse".
Je devais m'arrêter à chaque toilette et j'ai dû faire trois arrêts dans le bois (2 en vélo et 1 en course à pied).
Je me changeais les idées en regardant les merveilleux paysages des Adirondaks et en regardant les vieilles maisons de bois. J'ai d'ailleurs revu la vieille maison toute déglinguée en bois qui est à vendre depuis au moins trois ans. Ah! Si j'étais riche.
"Maudit" que c'est beau faire du vélo dans ce coin-là!
J'ai revu le couple et leurs deux chèvres qu'ils promènent en laisse.
J'ai revu le couple et leurs deux chèvres qu'ils promènent en laisse.
Au deuxième tour, j'ai pris la peine de m'arrêter pour aller "minoucher" Barney et Franky, les deux chèvres! Je me disais que c'était peut-être la dernière fois que je participais à l'Ironman de Lake Placid.
J'ai aussi eu droit à la dame qui jouait de la cornemuse dans un coin perdu de campagne!
Malgré mes douleurs, j'étais heureuse d'être en vélo. J'ai beaucoup pensé à ma mère en me disant qu'elle avait dû souffrir beaucoup plus que moi avant de se faire opérer pour le cancer. Je lui ai dédié mes coups de pédales et j'ai fini en force dans le village: j'étais tellement contente d'être enfin arrivée!
En course à pied... Eh ben, j'ai appris, à la dure, qu'un marathon ça pouvait se marcher!!!
Ma bandelette gauche a décidé de me faire des siennes.
J'ai couru les 3 ou 4 premiers kilomètres sans problèmes et avec entrain.
Ensuite, j'ai réussi à alterner 1 minute course, 1 minute marche durant à peu près 10 autres kilomètres.
J'ai essayé de m'étirer plus longuement, mais la douleur est revenue rapidement.
Lorsque je suis arrivée dans le village après le 1er tour, je pleurnichais parce que j'étais très déçue de ne pouvoir courir, je pleurais la mort de Monick et pour l'injustice du cancer de ma mère. Eh, hé, c'est quand même comme une cure psychanalytique un Ironman!!!
Les seules choses qui m'ont retenues pour ne pas lâcher durant cette période, ça a été Maurice et Julie qui m'ont dit que j'avais été plus rapide pour ce 1er tour en course à pied que l'an passé, le gars qui m'a dit: "now, you need to go deep", le fait de savoir que la gang des Canisportifs me suivaient et aussi pour Susanna qui était bénévole au "running aid station #5" et qui m'avait dit: j'ai hâte de te revoir pour ton 2ème tour.
Ensuite, mes jambes ne voulaient plus courir même si moi je le voulais!!!
J'ai fait de la zoothérapie en m'arrêtant pour parler à un chien, Choco, qui ressemblait à Juliette (mais Juliette est la plus belle)!!! Je me suis fait "licher" la face par un Golden retriever: c'est bon pour enlever le surplus de sel dans le visage!!!
J'avais quand même la ferme intention de continuer.
J'ai eu des "partner" de marche qui ce sont joint à moi.
Mike, Bart et David.
J'ai jasé assez longtemps avec Mike. Lorsque je lui ai dis que ma mère avait le cancer, il m'a montré sa petite épinglette "Winnie the Pooh". Il m'a dit qu'il la portait à chaque course en mémoire de sa petite fille qui est morte d'un cancer très rare à l'âge de 18 mois.
J'ai fait les derniers 12 kilomètres avec David, un ambulancier d'Ottawa qui était gros et grand (50 ans).
On a jasé et on s'est encouragé mutuellement. S'il n'avait pas été là, je crois que j'aurais abandonné.
Durant tout l'Ironman, j'ai beaucoup pensé à la douleur qu'a dû vivre ma mère avant qu'elle se fasse opérer, surtout quand j'étais sur le vélo avec mon mal d'estomac.
Durant la course à pied, c'était à Monick que je pensais car elle avait des douleurs aux jambes.
J'avais aussi beaucoup de peine pour la mort de Monick.
Encore une fois, je retiens la grande leçon de solidarité et de partage qu'offre un Ironman.
Je savais que le deuxième Ironman allait être plus difficile que le premier car j'avais des attentes et malgré le fait que je me sois moins bien entraînée, je voulais quand même essayer de battre mon temps total.
J'ai trouvé ça très difficile cette année, mais je suis contente d'avoir passé au travers!
Pendant que je faisais la course, je me disais mais qu'est-ce qui m'a passé par la tête de m'être inscrite pour Mont Tremblant en 2012??? Je vais me faire rembourser. C'est la dernière fois que je fais un Ironman!!!! J'ai quand même eu du jus pour faire un semblant de sprint pour les derniers 25 mètres, mais je me suis effondrée en pleurs dans les bras d'une bénévole après avoir passé le fil d'arrivée!!!
Aujourd'hui le souvenir de la souffrance commence déjà à s'estomper (à part mon ongle d'orteil du pied gauche que je vais perdre - je suis désolé d'avoir faussement accusé ma foulée à cause de Juliette)... et je serai prête à recommencer l'entraînement pour 2012 avec ardeur aussitôt que j'aurai mieux récupéré.
Mais j'pense que je vais me reposer avant!!!
Cette année, je ne ressens même pas le fameux "high" et la montée d'adrénaline... mais ça va avec ma philosophie de ce que c'est que faire un Ironman: ce n'est pas la fin du monde parce que ce n'est pas au centre de mon monde! Il y a environ 2500 personnes qui ont fait le même exploit que moi!
J'ai beaucoup de gratitude envers tous ceux et celles qui ont pris la peine de m'écrire pour m'encourager (soit ici, soit sur FB, DM ou Twitter), je suis sûre que c'est ce qui a fait la plus grande différence cette année.
MERCI :-)
En quelques mots, Lake Placid 2011 fût pour moi:
Dur, dur, dur
Empreint de solidarité et de persévérance.
Nage: 1h29 (j'ai retranché 8 minutes par rapport à l'an passé)
Vélo: 7h59 (23 minutes de plus - ça doit être les arrêts aux puits et celui pour minoucher Barney et Franky!)
Course: 6h38 (1 heure de plus qu'en 2010 + un ongle d'orteil qui va tomber)
Ouf!