Je crois que j'ai déjà vaguement parlé de ma soeur...
Avant, j'évitais d'en parler, c'était un sujet tabou.
Maintenant, je crois qu'il est important de dire...
Ma soeur a un cancer de l'âme depuis qu'elle est toute petite.
C'était, aux dires de ma mère, une enfant agitée, difficile.
Moi, j'étais sage comme une image, je ne dérangeais pas, je jouais toute seule...
Ah! Que de souvenirs avec les bonhommes Fisher Price: la maison, le chalet, le garage.
Ma soeur a trois ans de plus que moi.
Quand j'étais petite, elle me faisait fâcher, riait de moi quelquefois mais, je l'aimais quand même.
Elle me montrait des choses, j'appréciais ses talents artistiques, ses idées excentriques.
À l'adolescence, les choses se sont compliquées un peu...
Elle avait des accès de révolte contre ma mère et a déjà voulu la battre une fois.
Je les avais séparées et j'avais dit à ma soeur: "touche-pas à ma mère".
Mais j'aimais ma soeur quand même, et, quelquefois, on allait au cinéma, à La Ronde ensemble.
Dans sa vie de jeune adulte, j'ai vu comme ma soeur était manipulatrice et, parfois, carrément méchante.
J'ai commencé à l'aimer un peu moins, mais c'était ma soeur quand même.
Tout lui était dû, elle était incapable de remercier les gens, voulait toujours se comparer aux gens riches et célèbres, ne voulait pas travailler... Elle accusait la société, elle était adepte du No Future.
J'ai suivi mon chemin, il m'a mené jusqu'à la terre des Aztèques durant quelques années.
Je suis revenue, j'ai vu ma soeur, ce qu'elle était devenue et j'ai décidé de couper les ponts car elle était l'incarnation d'une personne toxique, caractérielle, violente, manipulatrice, profiteuse, constamment insatisfaite.
Je n'ai pas reconnu ma soeur, je n'avais plus de soeur.
Je ne la revoyais que durant les réunions familiales.
Le dernier Noël où je l'ai vue, il y a environ 10 ou 15 ans, elle était en crise de manque.
Elle avait réussi à gâcher la fête pour tout le monde en faisant des commentaires blessants.
Ça m'avait littéralement rendu malade et j'avais dû vomir dans un banc de neige en retournant chez moi (et ce n'est pas parce que j'avais abusé de la dinde)! J'étais complètement à l'envers.
C'est à ce moment que j'ai décidé de couper les liens avec elle.
J'ai fait une dernière tentative pour lui parler en essayant un genre de tentative de "thérapie de la confrontation"... Ouille. J'ai déclenché chez elle une rage qu'elle a transférée sur ma mère.
J'en ai déduis que les gens trop proches ne peuvent parfois pas aider leurs proches.
Naturellement, j'avais toujours de ses nouvelles par ma mère ou une tante.
Elle leur faisait des chichis, les manipulait... et elle s'est mise à être méchante avec elles.
Ma mère et ma tante ont aussi arrêté de la voir aussi, mais prenait de ses nouvelles de temps en temps.
Nous étions d'accord, mes tantes, ma mère et moi pour dire que ma soeur allait mal finir avec ses abus de polytoxicomane et ses tentatives de suicide.
Comment résumer la détresse, la maladie de ma soeur?
Difficile.
De son côté à elle, c'est le déni. Elle ne souffre pas de maladie mentale, mais de narcolepsie, d'un dérèglement de sérotonine dans son cerveau et veut des pilules pour pouvoir les mélanger à de l'alcool. Elle n'a jamais voulu suivre de psychothérapie, ni d'avoir un suivi sauf pour sa prescription de pilules.
Aujourd'hui, en revenant à la maison, j'ai eu cette nouvelle tragique qui m'affecte beaucoup mais ne me touche pas en même temps. Je pense qu'on appelle ça de la distanciation en psychanalyse...
Ma soeur s'est jetée en bas du 4ème étage d'où elle demeurait (elle a été évincée de son HLM pour non-paiement de loyer).
Elle avait une hanche tellement égrenée qu'on lui a posée une prothèse, elle est blessée au dos.
Elle n'est pas morte, mais j'aurais tendance à réagir comme ma grand-mère et je me suis dis: "mon Dieu, venez la chercher, elle est tellement malheureuse".
Ma soeur a un cancer de l'âme, ma mère a le cancer colorectal et du foie.
Et moi? Moi dans tout ça, je suis la personne raisonnable, qui ne dérange pas.
Mais moi, je n'ai pas le cancer de l'âme, ni le cancer colorectal ou du foie.
Moi, je poursuis mon chemin, j'essaie de garder ma bonne humeur et je cultive mon ébahissement.
Et puis, j'avais un cours de spinning à donner ce soir! :-)
Merci la vie, merci le sport!
8 commentaires:
Très touchant ton billet. Merci de l'avoir partagé avec nous.
Quelle tristesse. Je suis empathique à ton récit. Dans tout ça j'espère que tu prends soin de toi et que d'autres prennent soin de toi aussi.
Oui, très touchant. Je trouve ça merveilleux que de ton côté, tu gardes l'équilibre et tu saches apprécier la vie. Je pense à toi. xxx
Super touchant ce partage. Écrire fait du bien. Tu es une personne absolument formidable. Je pense fort à toi. xxx
Un témoignage touchant en effet, qui sonne malheureusement un peu trop familier à mon goût...
Que dire de plus, sinon t'encourager à continuer de faire ce que tu fais présentement, c'est-à-dire agir de ton mieux sur ce que tu peux contrôler et laisser aller le reste autant que possible.
très bon post! j'adore ta franchise et ta façon de voir clair à travers toutes ces émotions... on comprend que ça n'a pas dû être de tout repos et que ça a du prendre plusieurs années pour arriver à cet état d'esprit... quand on en a plein le "casque" faut avoir le courage de choisir la paix, peu importe le prix...
Je vous réponds avec un peu de retard... Il y a eu bien des choses à faire pour réparer les pots cassés de ma soeur. Une série de montagne russe aussi. Ouf, je peux enfin souffler.
Très émouvant ton billet, comme quoi le sport fait du bien à l'âme... :-)
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